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dimanche 20 septembre 2009

Fesse-mathieu

Vaguement connu comme étant une insulte, le fesse-mathieu désigne plus particulièrement un usurier, et par extension une personne très avare, un pingre, un radin, un ladre, un rat.

Le Mathieu dont il est question n'est autre que Saint-Mathieu, apôtre à qui l'on attribue une évangile. Dans cette évangile selon lui-même, le disciple Mathieu est un publicain. Sous l'Empire romain, un publicain était un fonctionnaire local chargé de la collecte des impôts et des taxes de douanes pour l'occupant (Mathieu est d'ailleurs le saint-patron des douaniers). En quelque sorte un collaborateur, d'autant plus haï du peuple qu'il percevait des commissions sur les collectes et en profitait pour être aussi changeur, c.-à-d. usurier.

Jusque-là, c'est compréhensible : Mathieu est un usurier. Mais quelle est cette histoire de fesses ? Plusieurs sources, dont le wiktionnaire, prétendent que fesse-mathieu est une déformation péjorative de "face de Mathieu", qui s'adresserait à une personne ayant la tête de l'emploi. C'est faux ! La première attestation de ce mot dans la littérature (vers 1585) nous en donne tout de suite une définition.
"Ce pauvre misérable avaricieux de père, usurier tout soul, et tant qu'il pouvoit (à Rennes on l'eust appelle Fesse-Matthieu, comme qui diroit bateur de saint Matthieu, qu'on croit avoir esté changeur) en mourut de despit."  Oeuvres facétieuses de Noël du Fail (1520?-1591) Tome 2, éd. 1874
Le fesse-mathieu est donc une personne qui inflige la fessée au saint homme (pour lui soutirer de l'argent). Plus fort que le plus illustre des percepteurs !
On retrouve la trace de notre batteur d'apôtre plus de 80 ans plus tard sous la plume de Molière, qui a fort probablement contribué à la diffusion de cette insulte en la plaçant deux fois dans une des plus connues de ses comédies :


L'Avare (1668), III, 1, Maître jacques

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